Les huîtres de Trousse Chemise se méritent ! Il faut presque être initié pour repérer le panneau planté sur la route du petit bois. C’est au bout du chemin communal qui traverse le golf qu’on aperçoit l’improbable cabane ostréicole de Franck. Dans cet environnement enchanteur où la flore et la faune sauvage revendiquent leurs droits, Franck n’a hérité de rien, il a tout créé de A à Z en veillant à s’intégrer, sans dénaturer ce qui l’entoure.
Attiré par la mer depuis son plus jeune âge, il s’est rapidement tourné vers un cursus en aquaculture, poissons et produits de la mer. Originaire de Mayenne, là où le cheval est roi, il passera également dix années au Pays Basque, sa deuxième terre d’attache.
A l’époque, en 2009, il est le premier ostréiculteur à s’installer aux Portes en Ré. Un choix porté par sa sensibilité profonde à la nature et aux écosystèmes qui font la vie et la beauté du site. Aujourd’hui, quand il n’a pas les deux pieds vissés dans ses bottes de travail, il est sur le ponton d’un semi-rigide en train de pêcher le bar ou en train de lire le paysage pour observer la faune sauvage. Partenaire de la LPO, il participe à l’observation et au signalement des espèces remarquables.
Dans cette nature à l’état brut, Franck veille au grain pour que ses huîtres grandissent dans des conditions naturelles ; aucun artifice n’est toléré. Les naissains d’huîtres de Trousse Chemise proviennent de captages naturels locaux. Selon les années, Franck peut aussi aller les chercher dans des écloseries de Bretagne ou ailleurs sur le littoral français.
Après trois ans passés en pleine mer sur les tables ostréicoles, les huîtres vont rejoindre les marais : c’est le temps de l’affinage. Les huîtres se bonifient en se nourrissant des microalgues en suspension dans les bassins ; elles prennent de la chair et du goût, et incarnent toutes les spécificités de ce terroir. La température de l’eau, la salinité, mais aussi la faible densité des huîtres au mètre carré, garantissent des coquillages naturellement enrichis par leur milieu.
À l’issue de cette transhumance, les huîtres sont immergées dans des dégorgeoirs. Dans ces petits bassins en circuit fermé où tous les caractères physico-chimiques de l’eau sont maîtrisés, elles se débarrassent des impuretés pour devenir propres à la consommation.
Pour ce passionné, l’horizon n’aura pas toujours été rose. En 2010, quatre mois après son installation, la tempête Xynthia balaye tout sur son passage. Il aura fallu l’indéfectible soutien de sa femme, de sa famille, d’une poignée d’habitants des Portes et de la municipalité pour que Franck remette sur pied son installation et reprenne le travail.